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Rencontre avec HF Normandie

Sujet central et pourtant encore souvent ignoré des milieux culturels, l’égalité des genres est l’un des points importants du nouveau projet associatif, artistique et culturel de l’Association Arts Attack!. Dans ce cadre, nous sommes allés à la rencontre de l’association HF Normandie qui organise aux mois de mai et juin une série de modules de sensibilisations à destination des professionnel·le·s, dont un qui se tiendra au Cargö. Entretien avec Faustine Le Bras et Camille Loury, membres d’HF Normandie. 

HF Normandie, qu’est-ce que c’est ? 

Faustine : C’est une association créée en Normandie en 2011 qui s’inscrit dans le mouvement national HF. Celui-ci est né d’un rapport commandé par l’Etat qui a permis de mettre en exergue les inégalités femme/homme en 2008. Ce dernier a été vécu comme un véritable choc pour le milieu culturel où l’on pensait alors qu’il n’y avait aucun problème à ce niveau. Ce rapport objectivait clairement le problème de l’égalité au sein des programmations des lieux mais aussi dans les équipes.
Plusieurs collectifs HF sont alors nés dans différentes régions. Au départ, nous réunissions plutôt des professionnel·le·s du spectacle vivant et touchions malheureusement assez peu les musiques actuelles. Notre action regroupe une grande part de lobbying politique, nécessaire pour faire avancer les questions de comptage et d’objectivation de la place des femmes et pour faire évoluer les conventionnements et faire peser des obligations dans l’obtention de certaines subventions.
Nous organisons également des opérations de sensibilisation toute l’année. La plus importante est celle des Journées du Matrimoine, ouverte au grand public et réunissant environs 70 projets à l’échelle de toute la Normandie.

Quelles sont les principales problématiques que vous identifiez au niveau des musiques actuelles ?

Faustine : Il y a des problèmes à tous les niveaux. Sans hiérarchiser, car tous les endroits sont également importants, commençons par la programmation. Très peu de lieux arrivent ou même essaient de proposer une programmation paritaire. Dans le meilleur des cas, on atteint péniblement les 30% dans les structures les plus concernées par ces questions. La moyenne nationale est plus proche des 12% de projets au lead féminin. Ce qui est souvent avancé pour légitimer ces chiffres, c’est qu’il est quasi-impossible de trouver des femmes artistes, compositrices… On ne peut plus entendre ce discours ! Il est simplement faux. Par exemple, les femmes sont majoritaires dans les écoles de musiques, y compris dans les parcours de musiques actuelles. Pourquoi disparaissent-elles ? On fait le même constat dans les formations ouvrant aux métiers de la culture. Les femmes tendent à disparaitre des postes au fur et à mesure qu’elles vieillissent, de manière inversement proportionnelle à leur niveau de responsabilité. Sans même évoquer le problème de l’inégalité salariale, toujours bien présente. C’est en réaction à ces questions que le travail sur la notion du matrimoine est centrale. C’est une nécessité que de donner de la visibilité à des figures féminines fortes. C’est le meilleur moyen de créer des modèles de références pour les générations futures et donc de gommer les inégalités.

Dans cette optique, vous organisez un cycle de modules de sensibilisation de fin mai à début juin…

Camille : En effet, nous lançons plusieurs modules sur des thématiques qui nous permettent de traiter ces questions le plus largement possible. Le premier, en visio, est un module sur l’objectivation de la place des femmes dans la culture. Il s’agit vraiment d’une introduction générale à destination de professionnel·le·s qui commenceraient à s’emparer de ces questions.
Le second, qui sera accueilli par Le Tétris (SMAC du Havre) et Le Cargö porte sur l’intégration de l’égalité dans ses pratiques professionnelles et est à destination de personnes en responsabilités qui peuvent être en mesure d’impulser des actions au sein de leurs structures.
Le troisième module, également en visio, portera sur la communication inclusive, mais pas uniquement sur l’écriture inclusive. Il s’attache à tous les aspects de la communication et comment elle peut être dirigée de manière plus inclusive.
Enfin, le dernier module est un atelier de mise en situation sur le thème « réagir face aux violences sexistes et sexuelles ».

Tous les modules sont construits de la même manière avec une partie théorique et un partage d’expériences plus concret permettant de se projeter plus facilement. On souhaitait également avoir des modules relativement limités en nombre de personnes, pour favoriser les échanges et leur richesse.
Ils seront par contre proposés à nouveau à l’automne dans des lieux différents. L’idée est vraiment de faire jaillir l’étincelle qui permettra aux acteur·ice·s d’aller vers un travail en profondeur. Nous ne sommes pas là pour se substituer au travail des personnes mais pour les aider à impulser une dynamique. HF n’a pas vocation à perdurer, au contraire. Plus vite nous pourront avancer sur ces problématiques, plus vite nous pourront disparaitre.

Plus d’info sur les modules de sensibilisation : http://hf-normandie.fr/index.php/2021/04/30/musiques-actuelles-cycle-de-conferences-rencontres-ateliers/

Diverses ressources utiles : http://hf-normandie.fr/index.php/liens-utiles/

Adhérer et soutenir HF Normandie : https://www.helloasso.com/associations/hf-normandie/adhesions/adhesion-a-l-association-hf-normandie‑2

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